NguyenLa bulle est au poker ce que la 4ème place est au Jeux Olympiques. Une médaille en chocolat qui ne rapporte rien.

La bulle est la dernière place non payée d’un tournoi. C’est un moment hautement stratégique qui se joue souvent main par main. A ce moment-là du jeu, certains joueurs ont tendance à resserrer leur jeu de crainte de sortir si près de leur objectif alors que les joueurs agressifs (ou opportunistes) tirent avantage de ce moment privilégié en volant beaucoup de pots.

Lors des deux premiers events du PokerStars.be Hold’em Challenge de Namur, le même phénomène de suppression de la bulle vient de se produire.

Dans l’event 1, un tournoi à 110€, 28 joueurs se sont accordés pour retrancher 150€ des gains du vainqueur (5.335€) pour les offrir au 28ème (27 places payées). Dans l’event 2 (15 places payées), ce sont 16 joueurs qui ont dealé pour offrir à la bulle 200€ ponctionnés sur le premier (5.606€).

Certains peuvent voir un geste de convivialité dans cette pratique qui tend à se généraliser.Cependant, à ce niveau de jeu, il est surprenant qu’autant de bons joueurs s’accordent pour zapper une phase de tournoi si importante qui peut leur être bénéfique.

Voyons d’abord comment un deal avec autant de joueurs puisse se conclure. Il est probable que les réactions soient de cet ordre:

  • les joueurs les moins bien lotis y voient une belle occasion de récupérer leur mise de départ et d’échapper ainsi à une pression qui leur est difficilement supportable
  • les joueurs dans le ventre mou du classement peuvent se sentir moins concernés. Ils n’ont pas assez de profondeur pour voler et se disent que la ponction ne les concernera probablement pas car ils ont peu de chances de remporter la joute
  • les leaders, probablement au fait du bénéfice du maintien de la bulle, capituleront sous la pression générale. Difficile d’être celui qui refuse  et de subir par la suite une espèce d’ostracisme de la tablée.

Voici ainsi comment l’on parvient à des deals à 16 ou à 28.

Et pourtant, la majorité des joueurs ont tout à gagner en préservant cette période clef du tournoi car ils peuvent repérer les participants les plus scared (craintifs) et les forcer à se coucher et accumuler ainsi blinds et antes. Certains chipleaders tentent de maintenir à flot les plus faibles afin que l’effet bulle se prolonge. Ils peuvent ainsi se gaver sur les tapis moyens.

Ce phénomène de suppression de bulle, si il est généralisé, est un peu stupide en soi puisque la vraie bulle n’en sera que déplacée d’un rang. Verra-t-on dans le futur des deals à la pré-bulle ? A l’avant pré-bulle ?

Faut-il lutter contre cette pratique ?

Les avis sont partagés. Certains prônent ce geste « chevaleresque » empreint de convivialité, d’autres mettent en exergue la pression morale du groupe sur quelques individus et la suppression d’une phase stratégique de la joute.

Des solutions existent et certains directeurs de tournois interdisent les deals à ce stade du jeu. D’autres anonymisent le vote afin de ne pas mettre au pilori les joueurs qui se refuseraient à cet arrangement. Le vote se fait à l’aide d’un bout de papier (oui/non) ou d’une carte (rouge/noir). Le refus d’un seul joueur suffit pour qu’il n’y ait pas deal.

Epiphénomène ou tradition qui se met en place ? L’avenir nous le dira. Un bon conseil, si vous ne souhaitez pas ce deal, attendez au maximum avant de donner votre avis. Si une personne refuse avant vous, vous éviterez la « vindicte » des demandeurs du deal.

N’oubliez jamais qu’au poker comme dans la vie, celui qui parle en dernier à toujours l’avantage. Il connait la situation.

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